Guy Bedos – éthique et société
Transcription de la vidéo
Peut-on rendre cette société plus éthique ?
C’est une période très violente, je trouve, nous vivons une période très violente au niveau planétaire et même régional. Il y a des notions qui sont en train d’exploser. La notion même de solidarité, par exemple.
J’avais écrit, il y a quelques années : « De tous les intégrismes, le plus dangereux à mes yeux est l’intégrisme de l’argent. Pour ceux qui ont connu le nazisme en uniforme, le dollar a des reflets vert-de-gris. » On le voit, ça. Je veux dire que, d’une certaine manière, il n’y a pas d’occupation. Là je vais faire un spectacle qui s’appelle Le rire de résistance. Résistance contre quoi ? Contre la violence quotidienne, qui est faite, qui n’est pas fatalement une violence physique mais qui est une violence où les gens butent justement dans une sorte de mur, une muraille, même, de fric. Je n’ai pas fait vœu de chasteté financière. Quand je gagne ma vie, je suis content, mais ce qui est terrible c’est d’être soumis à cette dictature de l’argent. Et c’est une forme – désolé, mais c’est mon avis –, une forme de nazisme, parce que c’est sans merci. On n’écoute plus rien, on avance avec ça. Et ça devient effectivement une espèce de dieu à qui l’on obéit. Et il faut savoir résister.
Vaste programme comme disait l’autre. Faire de son mieux. On n’est absolument pas assuré d’un succès. Il faut être modeste. Rien ne peut nous promettre… Mais c’est l’addition, c’est peut-être justement en étant comme on est, en faisant parfois des émules, surtout quand on a la chance de pouvoir parler publiquement. Utiliser son outil. Ce qui m’ébobille devant certains qui sont étonnés qu’un artiste ou qu’un journaliste sorte de son métier pour se préoccuper d’autre chose ! Mais c’est formidable, puisqu’il y a tellement de gens qui n’ont pas le droit à la parole ! On est les haut-parleurs de tout un monde qui ne peut pas s’exprimer, qui n’a pas le droit de s’exprimer, qui n’a pas les moyens de s’exprimer. Donc quand on a cette chance, il faut la prendre, et pas pour soi, pour les autres.
Entretien réalisé le 30 novembre 2007