Christian Boiron – éthique et société
- Nom: Christian Boiron
- Thèmes: Société
Transcription de la vidéo
L’hyper-communication qui caractérise notre société n’est-elle pas un facteur de propagation de valeurs éthiques ?
La communication, c’est la meilleure des choses qui puisse nous arriver. Il y a quelques épines, mais les hommes savent très bien gérer ces épines. Entrons dans le cas concret de la médecine. En médecine vous avez de plus en plus de laboratoires qui communiquent, avec des forces considérables – rien à voir avec notre petite homéopathie – et qui font une pression sur le médecin, sur les pouvoirs publics, sur les laboratoires d’université, de telle façon qu’ils veulent essayer de faire passer leurs médicaments en premier. Donc, on pourrait dire : « Communication, attention, danger ! » Oui, mais en contrepartie qu’est-ce qui se passe ? Au niveau de la faculté de médecine, nous formons les étudiants en médecine à déjouer les pièges de la communication. Qu’est-ce qui se passe dans nos écoles, qu’est-ce qu’ils font nos gamins quand ils apprennent sur les Playstations, sur les consoles de X ou Y ? Ils apprennent à déjouer les pièges. Nous sommes dans une société où la communication offre beaucoup de pièges, mais où nos enfants sont de plus en plus formés à déjouer ces pièges. Je crois qu’en même temps que la communication se développe quantitativement et qualitativement, elle devient de plus en plus perfide, pernicieuse, il y a le marketing viral, etc. En même temps, on a des gens de plus en plus intelligents au bout du fil, qui savent de plus en plus décoder.
Donc la communication c’est la meilleure des choses, c’est la clé de la démocratie et c’est aussi la clé de l’accès à l’information. A un moment donné, dans mon bouquin, je dis que les gens sont égaux devant le bonheur, alors qu’ils ne le sont pas devant le plaisir. Mais la clé de cette égalité, c’est l’information. Pour pouvoir avoir accès à ces connaissances, justement – confiance en soi, expression de soi, authenticité –, il faut que je puisse avoir accès à l’information. Donc, l’accès à l’information est bien la clé d’une certaine forme d’égalité. Et c’est ce qui est en train de se passer : le phénomène Google, le phénomène internet, mais c’est une révolution inimaginable à l’échelle humanitaire, sur les 40 000 ans qu’on vient de passer en tant qu’humains ! C’est un moment magique qui va changer complètement la planète et qui va faire qu’aujourd’hui, par exemple, les états-unis du monde deviennent possibles sous la pression de l’individu, et non plus des gouvernements qui eux n’y ont pas forcément intérêt. Et on va vers une démocratie planétaire fondée sur internet, et qui est incontournable. Parce qu’il va falloir qu’on gère des règles. Et l’éthique sera là pour équilibrer les règles collectives qui vont s’imposer à tout le monde, qui sera un minimum, mais il y aura toutes les règles internes qui vont remplacer la morale et la religion, qui ne seront plus acceptables en l’état. On va transférer progressivement le pouvoir à l’individu et ce pouvoir va être affecté d’un côté positif qui va être le bonheur, et d’un côté responsabilité qui va prendre la forme de l’éthique. Donc, c’est cela que nous sommes en train progressivement de construire, grâce à la communication, et les quelques pièges de la communication, que vous et moi sommes là pour essayer de contrebalancer. Moi je suis l’objet en permanence, en tant qu’homéopathie, de mensonges de toute part, etc. Mais quand même, globalement qu’est-ce qui se passe : l’homéopathie progresse. Donc quand je suis agacé, irrité, voire un peu déprimé par ces attaques qui sont de plus en plus violentes, de plus en plus perfides, et grosses et grasses, je me dis : « Tranquillise-toi, parce que quand-même le monde, le médecin, le pharmacien, le public, le patient, lui il dépasse ces mensonges. » Et la multi-communication compense… C’est un peu comme une image, ce n’est pas fait d’un seul point, et quand on a plusieurs personnes à communiquer, on a une image plus claire. Si on a un point ou deux qui sont mauvais, ce n’est pas grave, l’image apparaît quand même.
Entretien réalisé le 11 décembre 2007