Transcription de la vidéo

Pourriez nous raconter un événement de votre vie qui vous a mis face à un dilemme d’ordre éthique, et comment vous avez essayé de le résoudre ?

Je me souviens d’une histoire dans une colonie de vacances, quand j’avais sept ans et il y avait eu des vols dans une tente, une grande tente. On dormait dans une tente, avec des lits, une très grande tente.  Et il y avait des vols et on ne savait pas qui volait. Un jour j’ai été chercher une fille qui était en retard pour manger et je l’ai surprise en train de voler. Après je l’ai dit. Je l’ai dit aux gens, que c’était elle. Et après, tout le monde lui est tombé dessus et j’ai regretté de l’avoir dit. Je me suis demandé si j’aurais dû le dire ou pas le dire. Encore aujourd'hui, je ne sais pas. Peut-être que je dirais à la personne : « Je sais que c’est toi. Donc tu arrêtes, sinon je te dénonce ! » Mais bon, quand on a six ans, on n’est pas très capable de dire ça…

Et une autre fois je me suis fait, moi, choper en train de voler. C’était une copine qui m’avait dit que c’était très facile de voler des nounours dans un supermarché à côté de chez moi. Là j’avais sept huit ans. Donc j’ai volé un nounours et j’en ai acheté un aussi. Au moment de payer, le mec m’a dit : « Et celui que vous avez dans votre poche ? » Ah ! J’ai cru mourir et j’ai dit : « Ah ! Mais oui, mais j’allais le payer ! » Et après je n’ai plus jamais rien volé. Et une autre fois, dans une autre épicerie – toujours à côté de chez moi, décidément ça ne me portait pas chance –, il y avait des pots de fromage blanc. J’en ai fait tomber un par terre, il s’est ouvert et je l’ai remis, et j’en ai pris un autre. Et le mec m’a dit : « Et celui que vous avez fait tomber par terre ? » « Ah oui, je le prends aussi. » Donc je suis revenue avec plusieurs pots de fromage blancs.

Ces deux histoires m’ont assez servi de leçon, je n’ai plus jamais rien volé après. Donc en fait, c’est quand même finalement des gens, en l’occurrence les deux personnes à la caisse… Je pense que je suis très expressive et que je suis incapable de voler, parce qu’il faut être super sûr de soi, avoir un air très dégagé et j’en suis absolument incapable. Même après, pendant longtemps on me fouillait toujours à la sortie des magasins, quand j’étais adolescente, parce que je regardais le vigile d’un air effrayé, parce que j’avais une tête de quelqu’un qui volait alors que je ne volais rien.

Quels sont les comportements au quotidien que vous trouvez non-éthiques ?

Quand on fait la queue pour un guichet de train et qu’on essaie de doubler les gens. Moi j’avais quand même tendance à doubler et mon mari a horreur de ça, donc on ne double pas. Par contre, il ne veut pas que je gueule quand les gens doublent parce que je suis connue, mais moi ça m’énerve, je le dis. Alors en général, comme il ne veut pas que je gueule moi, je remonte les gens à côté de moi : « Vous avez vu ? Elle a doublé ! C’est quand même incroyable ! Dites lui, parce que moi… »

Entretien réalisé le 21 décembre 2007

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